mercredi 3 mars 2010

Retour (tardif ;-) sur Dublin…

Je me lance enfin ! J’ai longuement tourné autour du pot pour ébaucher un début de post… La faute à un tournoi, et de fait, un week-end, loin de ce que j’avais pu espérer ! Je me suis déçu. Et forcement, j’ai déçu tous ceux qui ont œuvré pour que cette expérience soit possible. Il aura fallu batailler ferme jusqu’à la dernière manche pour se qualifier. Tout en passant par des moments délicats. Pour quel résultat ?

Voilà un mois que nous sommes rentrés de Dublin. Et j’avoue que je ne sais encore pas trop quoi méditer de ce week-end… Je pensais avoir vite digéré la désillusion mais ce n’est pas le cas. Plus le temps passe et plus j’ai de l’amertume.

Lors du dernier post, je titrais : Quel Eire jouer ? La réponse est : Des fausses notes…

Je cherche des explications ou des raisons à cet échec, et j’ai beau tourner les solutions dans tous les sens, je n’en voie qu’une : J'ai mal apréhendé ce tournoi. Et en plus, jouer au poker sans carte est impossible ! Sur la durée tout du moins… Sur quelques rounds, et avec une telle structure, pas de problème, on peut voir venir, attendre les bons spots, sans véritablement regarder ces cartes. Mais quand le désert persiste, durant de longues heures, que faire ? J’ai bien fini par voir le bout du tunnel… après 7 interminables heures de fold, mais le sort à décidé d’intervenir à ce moment et dame chance, indispensable malgré tout, n’a pas abondé dans mon sens. Si mes mains avaient tenu à ce moment là, le tournoi aurait été bien différent, avec un Day2 à la clef…

Avec le recul, je me rends bien compte que ma fin de tournoi a été ponctuée de moult erreurs dues principalement à la fatigue nerveuse, incroyablement intense, et au manque évident d’expérience dans ce genre d’événement! Joueur de poker, ça ne s’improvise pas. Si le mental et le physique ne suivent pas, la technique, aussi parfaite soit-elle, ne rattrapera pas tous ! Alors en plus, quand votre niveau n’est ni plus ni moins qu’à la moyenne, je vous laisse imaginer ce qu’une petite erreur peut couter !



Tout le monde me demande comment c’était et si j’ai des regrets. Cela fait un mois que je réponds : Je n’ai aucun regret car je n’ai pas eu de jeu mais j’ai plein de regret car je n’ai pas eu de jeu… Complètement stupide comme phrase, je vous l’accorde, mais tellement vrai !



Bref, niveau poker, ce fut le désert total. J’aurais sans aucun doute pu mieux faire, même avec la suite de poubelle distribuée, en jouant plus tôt dans le tournoi sans les cartes. Je n’ai pas osé. On avait une profondeur énorme et les cartes allaient bien arriver à un moment ! Et le jeu a bien fini par arriver. Seulement, ce que je n’avais pas envisagé et prévu, c’est que je me fasse démonter mes « monstres »… D’où l’importance de monter des chips pour se prémunir de ce genre de situations.

Le tilt, grandement facilité par la fatigue mentale, les blinds élevées, le manque d’expérience ont fait le reste et c’est presque soulagé que je me suis levé pour saluer la table après 11h de jeu, de combat. Comme si toute la pression quittait mes frêles épaules de ce jour de février 2010…



Ai-je manqué de réussite ? Sans aucun doute. Ai-je été au niveau ? Non, sans hésitation. Et grâce à ça, j’ai pu me rendre compte de tout le travail à accomplir pour, ne serait-ce, qu’approcher le niveau requis pour être un régulier dans ces tournois !



Dublin m’a remis à ma place. Dublin m’a ouvert les yeux. Il y a du boulot ! Mais, ai-je l’envie de le réaliser et même plus encore les capacités ? L’avenir nous le dira…



Mais Dublin restera une magnifique expérience que je retenterais ! Car même quand ce n’est pas offert (encore merci BHP et W en passant) cela reste accessible… J’ai certainement plus appris en 11h de jeu que durant l’année passée… En tous cas j’ai compris beaucoup de chose !





Voici un résumé, aussi condensé que possible, de mon tournoi, d’après ce que je me souviens. Ce résumé est fait avec la réflexion et mon état sur le moment.





Round 1 : 50/100 – 50000



J’ai tiré la table 22 place 2 ! Un signe prémonitoire ? Oui. Je ne finirais pas 2ième ou même 22ième mais je ne verrais que des 2… Sinon 1ière grosse surprise, il ne s’agit pas de SH comme annoncé mais de full ring… Après renseignement auprès des organisateurs, cela a toujours été prévu comme ça. (D’ailleurs question au passage pour W : Ne nous aurait-on pas menti sur cette affaire ?) Bref…

Le bouton, tiré au sort lui aussi, est en place 9 pour la 1ière main que je ne jouerais pas. Par contre, je vais défendre la suivante avec J9s en BB face à une OR à 300 en MP. On est 2 à voir le Flop K93 et je check call son CB à 450. Turn J et rebelote pour un check call à 600. Je mise 700 en value sur brique river et suis payé par AK. A ce moment, je suis bien content de ces 2000 chips conquis pour ma première main et me dis que ça démarre plutôt pas mal… Mais plus rien derrière pendant une orbite que j’utilise pour observer mes compagnons de la journée. En effet, notre table ne devrait pas casser ce jour. La table, comme le tournoi d’ailleurs, est très francophone. J’ai un belge à ma gauche suivi d’un toulousain puis 1 russe, 1 britannique, 1 parisien, 2 irlandais, 1 autre parisien et pour finir, un autre toulousain, ami du premier. A première vue, seule les parisiens et un irlandais semblent au dessus du niveau de la table, ce qui m’arrange puisqu’ils sont à l’opposé de moi. Le reste est plus qu’abordable surtout les toulousains.

La BB me revient dessus et suis contraint de compléter une mise de 250 en début de parole suivie…5 fois avec 83s cœur. Le flop est très joli avec JT9 et 2 cœurs. Je choisis d’ouvrir ce flop très riche à 800 pour évacuer du monde. Mission réussie et je suis payé qu’une fois par l’OR. La turn double le T et je mets un second barrel à 2000 qu’il paye beaucoup plus difficilement. Bon, je sais que je suis derrière, mais qu’a-t-il exactement ? Sur le coup, je le vois plus sur un AQ/K ou un J correct avec tirage (QJ/KJ) voire une paire (88, QQ voire mieux) Selon sa main, j’ai donc entre 9 et 18 outs (cas ou mes 8 et 3 sont vivant avec AK en face) mais plus vraisemblablement autour de 12. La river est une autre doublette avec le 9. Mon tirage a bien raté et je joue le board. Je dois miser si je veux gagner ce joli pot de 7000. Avec cette doublette, je peux lui faire folder toutes les mains qui n’ont pas fullé. Je mise 5500. Commence alors une longue attente qui va durer 2 bonnes minutes durant lesquelles mon camarade irlandais baragouine un patois local. Apparemment, il n’est pas content et semble se résigné à jeter ces cartes… mais fini par payer. (Ben merde !) Je lui dis, penaud : « I play the board ». Il montre QQ et remporte ce joli pot. Je ne sais pas encore si je dois avoir des regrets sur cette main… L’ai-je bien joué ? Pas évident. J’aurais peut être du abandonner à la river. En tous cas, lui a fait un jolie call fortement couillu.

Je prends quand même un petit coup. Pas que je suis mal en jeton. Mais plutôt perdre 8000 d’un seul coup.

Et bien évidement, rien ensuite pour me remettre en celle. Une longue séance de fold va commencer où je ne vois rien, mais absolument rien.



Round 2 : 75/150 – 43000



Ras.



Round 3/4 : idem. Toujours rien. A peine je défends mes blinds. Je vois JJ sur 150/300 et perd 4200 en suivant PF (1200) et sur le baby flop (3000), j’abandonne sur la turn A devant l’insistance de deux adversaires à se reraiser. Je reperds à nouveau 5000 sur une BB (K2) ou je touche double sur un board KTxA2, les enchères montent sur la river et je ne peux battre l’AT de vilain. Je tombe tranquillement mais surement à moins de 35000.



Round 5 : 150/300/25 – 35000



Enfin les As qui constitue mon premier monstre en un peu plus de 5h de jeu ! Utg limp et je relance à 1500. Vous l’aurez deviné, tous se couchent. Evidement, c’est ma première vraie relance ! J’ai rien gagné, mais mon image de serrure acquise depuis 5h va me servir pour voler régulièrement dorénavant. Ce que je fais une fois par tour à peu près pour, au minimum, me maintenir. L’hémorragie est stoppée mais je ne monte pas de jetons pour autant.



Ras de notable durant le round suivant. J’atteins le diner break avec 30000. Pas super génial, mais rien de dramatique. Je vais reprendre avec 75BB, tout à fait jouable. Mais le plus urgent est de voir du jeu. Durant le break, je fais le point et décide de me laisser 1h pour trouver du jeu. Après quoi, je joue dès qu’il y a une opportunité, quelques soit ma main et ma position.



Round 6 : 200/400/50 – 30000



Toujours rien. Je me maintiens juste en volant. Désespérant. Il va falloir mettre en application ce que je m’étais dis…



Round 7 : 300/600/50 – 30000



Je me mets à attaquer une main sur 3/4 et je CB systématiquement. Et miracle, je n’ai que très peu de résistance. Je prends (presque) tous les pots que j’ouvre. Tant est si bien qu’en moins d’une heure je suis revenu au tapis de départ ! Mon moral est reboosté. En plus, le jeu semble enfin arrivé chez moi ! Je vois plusieurs bel as, quelques paires, des beaux suited en positions… Et cerise sur le gâteau, j’ai tendance à toucher mes flops !

Pendant presque 2 heures, je vais enfin me régaler. Mon tapis gonfle tranquillement et j’atteins son summum avec 90000 après 9h de jeu. A ce moment, je suis au dessus de la moyenne ! On nous envoie en pause pour 20 mn.



Round 10 : 700/1400/100 – 88000



Je n’ai jamais eu autant de jetons. Mais je suis très fatigué. D’ailleurs, on sent clairement que l’ambiance générale est plus lourde. Il y a moins de brouhaha. Les lunettes sont de sorties et les voies rocailleuses. Un nouvel élément est en train de faire son apparition : la fatigue nerveuse. Pour autant, il faut bien continuer à combattre. Il nous reste encore 2h de jeu dans ce day1. Rien à signaler durant une orbite. J’ai 85000, je suis bien. Et là, c’est le drame. Je vais prendre 2 coups sur le maillet qui vont sceller mon tournoi.

D’abord QQ que j’ouvre en UTG à 4000 payé 2 fois. Flop T93 avec 2 cœurs. Je CB à 6000, payé une fois. Turn J, je pars pour un CR mais vilain check aussi. River 7 de cœur pas très belle et je check call sa mise à 10000 pour voir sa paire de jack qui a branlé sur la turn… Je n’ai pas hyper bien joué ce coup mais j’ai vraiment les boules de voir qu’il m’a monté un brelan.

Et ce n’est pas fini. Pas le temps de tergiverser car je vois JJ la main suivante sur ma BB. Un short, l’irlandais du call couillu avec QQ, un peu en tilt depuis 1/4h relance à 5000. Tous se couchent et je lui demande son tapis de 25000. Il paye rapidement et confirme son tilt en me montrant K9s. Je suis bien content de se call en bois ! Mais le flop est catastrophique et sans appel avec x99xK. Moins 25000 de plus et retour à 50000, sauf que cette fois les blinds sont beaucoup plus élevées. Le tour coute 5100…

Je me contiens, mais je bouillonne. Je suis clairement en tilt. Ces 2 coups m’ont lessivé intérieurement. J’aurais du me lever et partir 10mn. Mais, trop épuisé mentalement, je ne m’en rend pas compte et continue à jouer. Je vais relancer plusieurs fois à 5000 avec des mains intermédiaires pour me voir reraisé. Au bout de la 3ième fois, je me rends compte de mon tilt et parviens à me reprendre mais il est trop tard. Tombé à moins de 30000, je n’ai plus de marge. Il me faut prendre le meilleur spot pour doubler. On joue la dernière main du niveau et je pense le tenir. Je suis en BB. Un irlandais ouvre à 4000. C’est payé par la SB. Si je vois une main descente, je squeeze à tapis. J’ai encore juste assez pour le faire et ainsi récupérer les presque 10000 du pot. Je relève un As accompagné d’un 9, le tout à cœur. Je pousse mes 25000 restants, certainement une erreur. Les dés sont jetés. La parole revient à l’OR qui prend une petite minute pour réfléchir et me payer. SB se couche. Je fais face à AK et suis mal embarqué. Je me souviens bien de m’être levé. Mon adversaire m’a souhaité bonne chance, je lui sers la main. Le flop débaroule et donne 4 cœur, 5 cœur et 9. Je reprends espoir, j’ai tous les cœurs pour gagner. Turn K, river je ne m’en souviens plus… Je salue la table. Fin du tournois en 350ième position à peu près.

Sur le coup, je n’ai même pas réagit. Mais j’étais bel et bien hyper favori au flop ! En effet, je ne voyais que les cœurs pour gagner. Pourtant le 9 au flop me permettais de passer outrageusement devant. Mais je ne l’ai pas vu. Trop usé. Complètement épuisé par 11h de jeu. Ce n’est que le lendemain que je l’ai vraiment réalisé en en rediscutant avec Jean… Comme quoi, même dans les moments importants, on ne voit pas toujours tous !





Concernant le périple, le pays et les irlandaises (je parle de la Guinness) j’attends les photos de Jean, car il en a pris beaucoup plus que moi, pour essayer de faire un petit album commenté ou un truc dans le genre… On verra bien sur le moment ;-)





Allez, ce sera tout et c’est déjà pas si tant mal pour un Peg content d’avoir enfin trouver le courage et les mots pour narrer ce périple !





Peg.