jeudi 30 juillet 2009

"My Son's Gamble"

En attendant un nouveau post qui ne devrait plus tarder, voici la traduction fait par Club Poker, d'une nouvelle, sortie dans le New-York Times le 24 Juin. L'auteur - Lucy Ferriss - y décrit sa situation en découvrant que son fils de 18 ans est joueur de poker et manie déjà des sommes très importantes.

En août dernier, je me suis levée à l’aube les yeux fatigués après une nuit mouvementée. Je suis alors descendue au rez de chaussée afin de me faire du café et d’allumer mon ordinateur. J’ai alors lancé internet et ouvert la page web de Full Tilt Poker, et j’ai téléchargé le logiciel afin de pouvoir jouer au Texas Hold’Em et d’autres jeux de casinos. Une fois le programme ouvert j’ai tenté de m’inscrire sous le pseudo de mon fil Dan, âgé de 18 ans, pseudo qu’il m’avait dit utilisé sur le site PokerStars. Comme je m’y attendais cela ne fonctionna pas.

Suivant le plan que je m’étais fixé plus tôt, j’ai ouvert la boîte mail de mon fils à l’université. Quelques semaines plus tôt, il avait en effet regardé ses emails sur mon ordinateur, et avait demandé à Firefox de garder son mot de passe en mémoire. Je me retrouvais donc en face de plusieurs mails des responsables de l’université, de son entraineur de tennis ou encore de ses professeurs. Mais le plus grand nombre provenait de Full Tilt et était adressé à un pseudo que je ne connaissais pas. Satisfaite de ma découverte, je ne lu aucun de ses messages. Je suis directement retourné sur Full Tilt et après avoir entré ce nouveau pseudo, j’ai clické sur l’icône : « Mot de passe oublié ». Pensant que mon rôle d’espionne allait s’arrêter au moment où le programme allait me poser la fameuse question de sécurité, je fus agréablement surprise lorsque le logiciel m’annonça que mon nouveau mot de passe venait de m’être envoyé sur ma boîte mail. Je saisis donc immédiatement le mot de passe dans le logiciel.

A partir de cet instant, mes mains se mirent à trembler. Je ne m’étais jamais infiltré dans la vie virtuelle de quelqu’un jusqu’ici, jamais volé un mot de passe. Mais devant l’urgence du moment, je passais outre ma morale.

Nous passions un très mauvais été. En prévision du retour de Dan à la maison, j’avais mise en place différentes règles de vie, qui je l’espérais pourrait nous aider à passer un meilleur été que l’année précédente, où ma vie de famille, fragilisée depuis mon divorce, avait failli éclater. Ces règles s’appliquaient à tous ceux vivant sous ce toit, imposaient d’avoir une activité ou un emploi, d’être discret la nuit en semaine, et d’avoir un comportement acceptable. Très vite, Dan a perdu ses privilèges concernant l’utilisation de la voiture, d’internet, et même le droit de vivre à la maison. Selon moi, la récalcitrance de mon fils était la source du problème. Il restait debout presque toutes les nuits et allait souvent se coucher au moment où le reste de la famille se levait. Il mangeait rarement avec nous, et n’avait aucune relation avec son grand frère ou mon compagnon, Donald, qui vivait avec nous depuis 2 ans. Il ne participait à aucune activité avec la famille. L’odeur pestitentielle qui émanait de sa chambre, à cause des tonnes de vêtements sales qui s’amassaient à l’intérieur de la pièce, envahissait l’escalier même lorsque la porte de son antre était fermée, ce qui était pratiquement toujours le cas. Dan passait une partie de son temps avec un groupe d’amis du lycée de plus en plus restreint. La plupart du temps il était sur son ordinateur. Il refusait de consulter un spécialiste que ce soit seul ou avec le reste de la famille.

Pour Dan, le problème venait de ma futile et étouffante volonté de le contrôler, insistant sur le fait qu’il avait un boulot, qu’il respectait mes horaires de coucher, et qu’il faisait semblant d’avoir une relation avec sa famille. Quand je l’ai mis à la porte, il est d’abord allé chez son père, qui ne partageait pas mes inquiétudes sur l’intérêt de son fils pour le poker. 36 heures après, Dan revenait à la maison, et son père m’appelait pour me dire : »Mon dieu, il est hors de contrôle ! ». Il avait du couper son accès internet.

Dan, après avoir passé la moitié de la nuit sur le banc d’un parc, avait accepté que j’installe un logiciel afin de limiter ses dépôts d’argent. J’avais fait des recherches afin de trouver un programme qui ne pouvait pas, normalement, être désactivé avant la fin du contrat. Dan accepta l’accord et rentra à la maison. 5 jours après avoir installé le logiciel, mon fils trouva un moyen de le retirer.

C’est ainsi que nous traversâmes le mois d’août. Dan a eu une première année universitaire moyenne, durant laquelle il a joué au tennis en première division et n’allait qu’aux cours obligatoires. Avec ce nouveau style de vie, où il ne vivait que la nuit, je ne voyais pas comment il pourrait continuer de cumuler les études et le sport durant l’automne. Je lui ai alors dit que s’il voulait retourner à la fac, il devrait arrêter le poker ou alors il devrait se financer lui-même. A mon grand étonnement, il m’a affirmé que durant tout ce temps il n’avait pas joué au poker. Il avait seulement regardé des vidéos de poker et des films.

« Toute la nuit ? » demandais-je, « Chaque nuit ? ». Il acquiesça, en me regardant droit dans les yeux. Prouve le moi, lui ai-je alors dit. « Montre-moi tous tes comptes : PokerStars, European Bank, American Bank ».

Il est allé chercher son ordinateur portable et m’a montré son compte sur PokerStars, où le compte était vide. Puis m’a montré son compte bancaire européen, une option pour les joueurs américains, car les banques américaines ne peuvent pas transférer de l’argent sur des sites de jeux d’argent, il était vide. Enfin son compte courant, était crédité de seulement 242 dollars.
J’étais stupéfaite. Je lui ai donc dit : « Je ne peux pas te demander de payer tes parties si tu n’as pas de sous. Ni te demander d’arrêter de jouer si tu ne joues pas. Mais je m’inquiète quand même de savoir comment tu vas pouvoir étudier ou aller aux entrainements avec ce rythme de vie ».

« Tu dois me faire confiance » m’a-t-il répondu.

Ce soir là, il a passé la soirée avec un ami. Vers minuit, je l’ai appelé et lui dit : « Ca ne s’arrange pas. Tu es encore dehors après minuit. Tu dépenses des sous en restaurant. Certains parents me disent que tu ne fais rien d’autres que jouer de l’argent chez eux ».

Il insista sur le fait qu’il m’avait montré tous ses comptes. Mais je lui ai rappelé que j’avais toujours des doutes et que j’étais bien déterminé à découvrir la vérité Après ce coup de fil, je n’ai pas réussi à trouver le sommeil. Sur les coups de 4h du matin, je me suis alors souvenu avoir entendu Dan et un de ses amis comparer PokerStars et Full Tilt Poker. Je me suis alors dit qu’il avait peut être un compte sur un autre site. Peut être que quelque part dans ses mails, je pourrais trouver la trace d’un compte Full Tilt. Je pourrais alors déjouer son bluff.

Me voilà alors, sous les premières lueurs du soleil, en train de m’enregistrer sur Full Tilt sous le pseudo de mon fils. J’ai clické sur « Mon compte ». Le compte affichait 12 000 dollars. Puis j’ai cliqué sur « Activités récentes ». Et là j’ai pu voir qu’il avait joué des centaines et de tournois et de cash games durant tout l’été. Suite à cela, je suis allé sur « Mes informations », et j’ai changé le mot de passe et l’adresse mail. Je me suis déconnecté puis je suis retourné sur la boîte mail de mon fils, et j’y ai effacé tous les mails de Full Tilt. Suite à cela je suis montré tremblante à l’étage, raconter à mon conjoint, Donald, ce que je venais de faire.

Dan a toujours aimé les jeux. Dès la maternelle, il a été bercé par Mario Bros. Il s’inventait des compétitions avec Mario et Luigi qu’il appelait « Les Widgies ». Quand il n’avait pas envie de faire la sieste à la maternelle, le professeur d’informatique l’amenait avec lui et il passait l’heure à jouer sur l’ordinateur. Plus tard, à la maison il a découvert le Monopoly. Quand tout le monde en avait marre de jouer, lui il continuait et jouer en tête à tête contre un adversaire imaginaire. A 6 ans, il a découvert le basketball. Il s’est mis à traîner sur le terrain en face de chez nous, et organisait des concours de lancer francs avec des gamins plus vieux que lui. Si personne ne voulait jouer, il s’imaginait être Michael Jordan et Dennis Rodman et jouait en 1 contre 1 contre lui-même. En 4ème, il voyait l’école comme une compétition qu’il voulait remporter.

De plus, Dan a toujours été un athlète doué. Il faisait du basket et du tennis, et faisait toujours en sorte d’être le meilleur et ramener les trophées à la maison. Au final, il a remporté le titre de joueur de l’année. Même si le tennis le détournait de ses concours d’entrée à l’université, les qualités physique et la confiance que cela lui accordait, rassurait un peu mes inquiétudes maternelles.

Lorsqu’il ne jouait pas au tennis, Dan jouait aux cartes avec ses amis. Ils furent pris par la vague nationale lancée par les retransmissions télévisées des World Series of Poker et l’élévation des joueurs de poker au rang de stars. Certains parents étaient inquiets des parties de Texas Hold’Em No limit, au buy-in de 5$ qui avaient lieu dans différents sous sols du quartier, dont le mien. Je répondais aux sceptiques, en leur disant que j’étais content de voir les garçons faire autre chose que de regarder la télé.
C’est moi qui ai enseigné à Dan son premier jeu d’argent : le blackjack. A l’époque où il apprenait l’arithmétique, on avait un pot rempli de centimes dans la cuisine. Et un jour j’ai demandé à Dan et à son frère si ils voulaient apprendre un jeu où ils pourraient compter jusqu’à 21, et si ils gagnaient ils remportaient les centimes de leurs adversaires. En très peu de temps, Dan a gagné toutes les pièces du pot.

L’Université Old Dominion en Virginie, n’était pas le 1er choix de Dan. Bien que beaucoup d’écoles, étaient intéressées par ses qualités tennistiques et ses résultats aux tests d’aptitudes, mais elles ont toutes bloquées sur ses notes. Old Communion, une fac de la banlieue de Norfolk avec une très bonne équipe de tennis, était intéressée par son profil. Selon moi, Dan semblait vouloir aller à l’université pour de mauvaises raisons. Il n’était intéressé par aucune matière. Il voulait juste quitter la maison et suivre la même voie que ses coéquipiers. Mais lorsque Dan a refusé de considérer l’éventualité d’une année de transition dans une prestigieuse académie de tennis, je lui ai suggéré de faire un prêt personnel du montant de la bourse que lui aurait accordé Old Communion s’il avait eu de meilleures notes. S’il finissait l’année avec de bons résultats, je lui rembourserais le prêt.

En avril, après un premier semestre assez difficile, Dan a été suspendu de son équipe de tennis pour avoir raté plusieurs cours. Il n’était pas heureux à l’école. Bien qu’il ait réussi à améliorer ses notes de telle manière à ce que je lui rembourse le prêt, il m’a dit qu’il souhaitait être transféré dans une faculté où il pourrait se sentir bien. Mais lorsque le mois de mai est arrivé, il était clair qu’il n’avait pas le temps de préparer son transfert. Il était trop occupé par sa nouvelle activité qui avait remplacé le tennis : le poker sur internet.


Après avoir modifié le compte de Dan, j’ai passé la journée à culpabiliser. J’essayais de me rappeler que quelqu’un devait mettre mon fils face à ses responsabilités et la seule personne à pouvoir le faire c’est moi. Cependant, en cette chaude après midi, j’attendais nerveusement un signe qui me montrerait qu’il était levé, qu’il essayait de se connecter, et qu’il était en train de découvrir que son compte était bloqué. Puis finalement, vers 174h, trois de mes amis sont venus me chercher pour aller à une compétition de danse dans la région de Berkshires. Alors que nous étions en train de charger le coffre, Dan a déboulé en dehors de la maison en hurlant : « Rendez le moi ! Rendez-moi mon argent ! ».

« Je n’ai pas ton argent » lui ai-je alors répondu.

Il m’a alors traité de tous les noms. Je lui ai dit que nous discuterions plus tard. J’ai invité mes amis à monter dans la voiture. Alors que je me mettais derrière le volant, et démarrait la voiture, Dan a arraché l’essuie glace arrière et a tapé sur le toit de la voiture avec. Puis il s’est placé derrière la voiture au moment où je commençais à reculer et a crié : « Vas y tue ton fils ! »

Grâce à une manœuvre habile, j’ai réussi à sortir la voiture tout en évitant Dan. Mes amis étaient sous le choc. L’une d’elle, une psychologue, m’a dit calmement : « Ton fils ne serait pas accroc, par hasard ? ».

La question de l’addiction m’avait traversé l’esprit plusieurs fois déjà depuis que Dan jouait régulièrement au poker. Il s’est toujours investi à fond dans ce qu’il faisait. Quand il était petit, son grand père l’appelait : Monsieur Concentré. Quelques années plus tard, lorsque j’ai annoncé mon soulagement que mon fils aille bien et ne prenne pas de médicament, un conseiller familial m’a dit que le tennis était la drogue de Dan.

Après le démantèlement de ma piteuse tentative de hacker l’ordinateur de Dan, lui et moi avons du négocier même si ce ne fut pas facile. Il avait réussi à persuader Full Tilt de restaurer son compte. Nous avons réglé le problème de son retour à la fac en décidant qu’il utiliserait une partie de ses gains pour payer ses cours jusqu’à qu’il arrive à prouver qu’il peut gérer de front les cours, le tennis et le poker. Il est donc retourner en Virginie et moi j’ai continué à chercher des réponses.

J’ai commencé mes recherches en allant sur des forums d’accrocs au jeu et des groupes de soutien comme Gam-Anon. Au début, le modèle d’addiction qu’il décrivait m’a paru censé : ils développaient une notion expliquant que le jeu pouvait déclencher un stimulus cérébral comparable à la prise de cocaïne, ce qui pouvait expliquer la réaction agressive de Dan lorsque j’ai clôturé son compte.

Mais lorsque j’ai consulté, le très connu South Oaks Gambling Screen (SOGS), ce qui me semblait clair m’est apparu beaucoup plus confus. J’essayais d’imaginer les réponses que Dan aurait pu donner aux différentes questions de ce test : question 11 : « Avez-vous déjà caché des reçus de paris, des billets de loteries ou autres signes de jeux d’argent à votre entourage ? ( Oui, car elle compare le poker avec les autres jeux d’argent) ; question 15 « Avez-vous déjà laissé les paris prendre le pas sur votre travail ou vos études ? ( J’ai mis l’école de côté car cette école n’est pas faite pour moi).
Il aurait probablement était catalogué comme joueur pathologique suite à ce test. Mais selon moi, ces questions ne conviennent pas à la situation de Dan. Les autres questions (Avez-vous déjà emprunté de l’argent à quelqu’un, argent que vous n’avez pas pu rembourser à cause du jeu ?) ne correspondaient à la situation d’un joueur gagnant de l’argent.

Durant sa 2ème année universitaire, Dan a perdu beaucoup de choses autre que de l’argent. Ses notes ont encore dégringolé. Après avoir été réintégré dans l’équipe de tennis, il décida de la quitter définitivement quelques mois plus tard. Cependant, il continuait de gagner au poker, jusqu’à amasser une bankroll suffisante pour partir à Aruba avec un ami, et avoir encore assez pour se payer une voiture, subvenir à ses besoins et commencer une vie faite de voyages à travers le monde. Depuis qu’être un athlète universitaire ne l’intéressait plus, ses notes et ses prouesses physiques n’avaient plus aucun intérêt pour Dan. En février, après avoir payé ses frais de scolarité, il prit le choix, tardif, mais judicieux de quitter la fac. Etaient ce toujours les décisions d’un accroc au jeu, maintenant qu’il se considérait comme un joueur de poker professionnel ?


Pour moi, c’était une question sensible. Entraînée dans un face-à-face avec le camp des accrocs du jeu, il fallait que je trouve un moyen de justifier la conduite de mon fils ou que je mette sur pied un plan de sauvetage à grande échelle. J’ai donc fait ce que tout professeur digne de ce nom et déchiré intérieurement devait faire : je suis allé à la bibliothèque. Et j’y ai appris beaucoup de choses.

Par exemple, j’ai appris que ce que je considérais comme la question addiction-ou-profession (que d’aucuns pourraient aussi appeler la question hasard-ou-habileté) est aussi débattue en ce moment devant les institutions législatives et judiciaires américaines, notamment vis-à-vis d’une loi de 2006 sur les paris en ligne illégaux, le Unlawful Internet Gambling Enforcement Act ou UIGEA. L’UIGEA interdit les sites de paris en ligne d’accepter de l’argent pour des paris « illégaux ». Cependant, ce terme est à peu près aussi clair que de la vase, la définition de « pari illégal » variant selon les législations des Etats. Un enjeu majeur pour beaucoup d’opposants au UIGEA – c’est-à-dire la plupart des joueurs de poker – est le recours par certains Etats au « test du facteur dominant », selon lequel le hasard doit primer sur l’habileté pour qu’un jeu soit considéré comme un pari. Selon les termes employés dans un article que j’ai lu, si « le poker est un jeu d’habileté et donc pas un jeu de hasard », les sites de jeu en ligne seraient libres d’accueillir des clients américains.

Alors, mon cerveau s’est mis en marche : si le poker est un jeu dans lequel l’habileté prédomine – comme les échecs ou le Scrabble – alors, ce n’est pas « juste parier ». Peut-être que ça aiguise réellement l’esprit, comme l’a soutenu Charles R. Nesson, un professeur de droit à Harvard, en présentant le jeu comme « un environnement pour expérimenter les dynamiques de la stratégie ». Mon fils ne serait pas aspiré par un jeu de hasard à somme nulle addictif qui n’apporterait rien à la société, il bénéficierait d’une forme de divertissement stimulante pour laquelle d’autres adultes rationnels sont prêts à payer.

Les études associant le jeu en ligne compulsif aux troubles de la personnalité, à la toxicomanie ou à d’autres comportements criminels à risques venaient cependant contrer cet habile raisonnement. Même Charles Humphrey, un expert en droit du poker qui a assisté l’Alliance des Joueurs de Poker dans ses efforts pour que la loi soit rappelée, reconnaît la part de hasard intrinsèque au jeu de poker quand il observe que personne n’a jamais remporté le titre de Joueur de Poker de l’Année deux ans consécutifs. « D’ailleurs, écrit-il, peu sont ceux qui figurent dans le Top 10 d’une année sur l’autre ».

J’ai contacté Keith Whyte, directeur exécutif du Conseil National sur les Problèmes liés aux Jeux de Hasard. Je lui ai dit que je cherchais des réponses – et aussitôt, il m’en fournit une. « Le poker est un jeu de hasard » a-t-il dit platement. « On y trouve les trois mêmes choses qu’on trouve dans tous les jeux de hasard : un prix, de la chance et de la rétribution ». De plus, j’ai appris en effeuillant le Journal sur les Etudes liées aux Jeux de Hasard que la plupart d’entre nous a tendance à risquer plus sur le sort d’un jeu de hasard quand celui requiert seulement une pincée d’habileté – ce qui n’est pas une mauvaise description du poker.

Longtemps après que Dan ait quitté l’école, je restai éveillée des nuits entières en pensant à la vie qu’il avait choisie – une vie qui le faisait passer d’athlète vigoureux à pale ectomorphe, dans laquelle la vie sociale ne serait que sporadique et souvent virtuelle, dans laquelle la possibilité d’une éducation libérale était peut-être perdue à jamais, dans laquelle une relation amoureuse stable (sans même parler d’une famille) serait extrêmement difficile à maintenir, dans laquelle il vivrait à l’écart d’une société fondée sur le travail, le salaire et les autres aspects du contrat social. Je priais pour qu’il gagne assez pour arrêter, ou pour qu’il perde assez pour arrêter ; pour qu’il se lasse et arrête.

Petit à petit, j’ai commencé à prendre conscience que mon anxiété était la cause flagrante de mon opposition originelle. Ce n’était pas le jeu auquel Dan avait choisi de jouer qui m’effrayait, mais bien la situation à laquelle je craignais qu’il aboutisse. La seule raison ne pouvait pas suffire à m’arracher à une telle angoisse. Je me souvenais de la réponse de Keith Whyte quand je lui avais dit que j’étudiais les lois locales et fédérales traitant du poker : « L’angle juridique est la manière la moins efficace d’approcher le problème, m’avait-il déclaré. Pourquoi et comment on joue – voilà les questions importantes. » Comment, c’était clair, du moins pour le moment : le jour, la nuit, en ligne, seul et non sans succès. Je trouvai la clé de l’acceptation en réfléchissant au pourquoi.

Un psychologue avait un jour dit de Dan qu’il avait « besoin de se séparer » - se séparer de moi, bien sûr, la personne qui avait été là pour lui tout au long de son adolescence comme appui sentimental et matériel. Ce lien prenait souvent une forme économique chez les parents d’enfants en âge d’entrer à l’université. On peut dire à son fils ou à sa fille : « Tu es peut-être un adulte maintenant, mais c’est moi qui continue à payer les factures et donc tu dois (remplissez le blanc) ou je te coupe les vivres ». Ces factures que l’on paye sont les dernières mesures de contrôle dont nous disposons pour garder une emprise sur ces jeunes gens qui ne peuvent peut-être pas encore prendre en main leur propre destiné, et l’on brandit le pouvoir de notre portefeuille comme une mesure de notre amour.

Maintenant, Dan s’est approprié ce pouvoir. Il n’était plus un étudiant à ma charge. Non seulement il était autonome, mais il gagnait plus en six mois que ce que je touchais en an – du moins pour l’instant. Oui, il jouait au poker parce qu’il aimait la compétition, pour le côté bad boy que ça lui donnait et parce que ses camarades admiraient son succès (selon le Journal sur les Etudes liées aux Jeux de Hasard, 92% des étudiants considèrent que parier donne l’air intelligent) ; mais s’il jouait, c’était aussi parce qu’il en tirait une indépendance financière qui lui permettait de s’émanciper. Voilà ici quelque chose à quoi je pouvais me raccrocher : un petit bénéfice, un peu de bon sens dans ce qui me semblait être une tempête d’absurdité.

Je continuais à être réveillée par des visions cauchemardesques :

Dan perd tout son argent ; ne peut pas arrêter de jouer ; m’extorque de l’argent ; je refuse ; il emprunte à la mafia et y laisse ses rotules.

Dan gagne des millions ; vit dans un monde de casinos, de cocaïne et de putes ; se réveille un jour entre deux âges et prend conscience de la vacuité de sa vie.

Dan passe ses journées à jouer sur son écran jusqu’à aveuglement ; ne peut pas se résigner à reprendre les cours ou à accepter un petit boulot ; s’enferme dans l’isolement le plus total.

J’ai eu toutes ces effroyables visions. Puis, une à une, grâce à un effort surhumain, j’ai réussi à m’en défaire. Elles reviendront et je les écarterai de nouveau. J’ai l’impression de ne rien pouvoir faire d’autre dans la situation actuelle. Pester contre les ravages du poker ne l’amènera qu’à se cacher et à rompre contact. Quelles que soient mes inquiétudes, tout ce que je peux faire pour mon fils, c’est l’aimer.

Le mur qui s’était dressé entre Dan et moi a commencé à tomber en même temps que mes réticences. « Est-ce que j’ai le droit de te dire que je te l’avais dit ? », lui ai-je demandé quand il m’a appelé pour me dire qu’il avait abandonné tous ses cours.

« C’était une erreur de penser que je pouvais jouer au poker à ce niveau tout en continuant d’étudier, admit-il. Mais tu sais, ce n’est pas comme si je quittais la fac pour le poker. C’est plus le poker qui m’a permis de laisser tomber quelque chose qui n’était pas fait pour moi. »

Là-dessus, Dan et moi étions en parfait accord. Aurait-il été plus heureux dans une plus petite école, dans une équipe dont il aurait été le leader, plus près de la maison ? Dan dit qu’il n’en sait rien. Il parle de retourner à la fac tant qu’il en a encore l’âge, il est certain de pouvoir mettre le poker entre parenthèse le temps de rédiger un mémoire s’il le voulait. Mais Mr. Focus a encore plein de poker sur lequel fixer son attention avant que cette hypothèse ne devienne réalité.

Comme quiconque a traversé un cataclysme personnel, Dan et moi nous accrochons au moindre semblant de normalité dans nos relations, toujours conscients que son aspiration farouche à l’autonomie et mes préoccupations concernant son mode de vie sont des bombes à retardement. Deux semaines après avoir arrêté la fac, Dan a décollé pour l’Europe avec un groupe d’amis joueurs de poker pour participer au European Poker Tournament, un tournoi de poker en face-à-face menant au World Series of Poker. Certains des joueurs participant à ces événements sont sponsorisés : des entreprises ou des individus payent leurs frais en échange d’un pourcentage sur leurs gains. Mais comme la plupart des 667 compétiteurs – dont 31 Américains – Dan a payé de sa poche la cave à 5 300 Euros et les coûts du voyage.

Le deuxième jour du tournoi, j’ai trouvé un rapport sur Internet. Un tiers des participants seulement restait dans la partie, seulement six Américains. Dan était parmi eux. Je n’ai pas pu retenir une bouffée de joie à l’idée du bonheur qu’il devait ressentir, de sa confiance et de sa frénésie à l’approche du prochain tour. Douze heures plus tard, il avait perdu. « Mais mon ami Jack a gagné le tournoi $2K », m’a-t-il raconté au téléphone le jour de son retour.

« Tu veux dire qu’il a gagné 2 000 $ ? »

« Non, M’man. Ca c’est la cave. Il a gagné genre 140 000 $. »

J’ai été étourdie par l’idée qu’une telle somme – 140 000 $ ! – tombe entre les mains d’un gosse de dix-neuf ans. Je voulais demander à mon fils où était la relation entre le travail et le salaire, là – mais pour cette fois-ci, je me retins. Il ne pensait en matière de travail et de salaire. Il pensait « liberté ».

Aujourd’hui, je ne demande plus à Dan s’il a gagné ou perdu. Je lui demande comment il se sent. Il reconnaît qu’il est seul. Quand il s’arrache à son ordinateur après avoir joué huit heures quatre à six parties de Texas Hold ‘Em en chattant avec ses amis tout en regardant les stats de son adversaire, il est exténué. Mais il tire aussi des enseignements de sa nouvelle vie. « J’en ai plus appris sur les gens, me confie-t-il, en étant assis devant mon écran à jouer poker qu’en faisant quoi que ce soit d’autre. »

C’est quelque chose que j’ai du mal à comprendre. A l’heure qu’il est, Dan est revenu dans notre ville du Connecticut où il sous-loue un joli meublé. Je l’ai regardé jouer au poker – les petites icônes posées sur la « feutrine » verte de l’écran, les chiffres qui clignotent, les cartes qui se retournent en un éclair. « Mais tu ne vois personne », dis-je.

« Et dans la vie, je ne me demande pas si j’ai deux as, admet-il. Mais c’est beaucoup plus profond. Genre, qu’est-ce que je veux que cette personne fasse, ou qu’est-ce que je vais faire s’ils pensent ceci ou cela ? Quand je suis à quelque chose que je veux accomplir dans la vraie vie, je me concentre sur ce que pense la personne en face de moi et j’essaye de réagir de manière à obtenir ce que je veux. Et puis, j’ai mûri dans mon attitude, je contrôle mieux mes émotions. Je sais combiner différents facteurs pour prendre la décision la plus avantageuse. C’est ça la vie, non ? Peser le pour et le contre pour prendre la meilleure décision possible ? »

Et bien, non, à mon avis. Ce n’est pas ça la vie. La vie, c’est plus que gagner, plus que manipuler les autres. Je me souviens d’une autre opinion soutenue par Dan : selon lui, les hommes trouvent le poker plus excitant et plus gratifiant que les filles car celles-ci pensent « Est-ce que j’ai les bonnes cartes pour gagner ? », tandis que les hommes pensent « Comment puis-je amener cette personne à croire que j’ai les meilleures cartes ? » Sans rien connaître de mes cartes, c’est comme avancer en terrain miné. « Et les relations ? Je lui demande. Comment tu te comportes avec les gens à qui tu tiens, les gens que tu ne veux pas battre ? »

Il réfléchit un instant. Puis il dit : « Jouer au poker t’aide à mieux te concentrer sur ce que les autres peuvent attendre de toi. Tu n’auras peut-être pas toujours raison, mais c’est à ça que tu penses. Si tu t’intéresses au but d’un autre, alors tu peux l’aider. »

En tant que parent habitué au narcissisme des jeunes, cette déclaration m’a coupé le souffle. Je ne suis pas encore prête à promouvoir le poker en ligne comme le chemin le plus direct vers une vie pleine de compassion – se préoccuper du but d’un autre n’est pas la même chose que se préoccuper de cet autre lui-même –, mais toujours est-il que dans ma quête pour des signes positifs, j’arrive à apercevoir une ligne fine et fragile qui relie la stratégie à l’empathie.

On ne parle pas trop de l’été dernier. Il est clair que si Dan retourne à l’école et à de nouveau besoin d’un support parental, il devra fournir des preuves de son changement d’attitude. Et je pense qu’il est aussi clair que je peux l’aimer sans pour autant accepter tout ce qu’il fait. Quand je demande à Dan ce qu’il veut maintenant de ses parents, il répond simplement : « Ce que je ne veux pas, c’est de la négativité. »

Je me rends compte que moi non plus. Dans les rares occasions où un autre adulte apprend que mon fils est un prédateur du poker et dit « Tant mieux pour lui ! », je sens une pointe d’espoir orphelin. Peut-être qu’il a choisi le bon chemin ; peut-être est-il stupide de remettre en question chaque décision que j’ai prise depuis que j’ai sorti la tirelire pour la première fois et expliqué les règles du blackjack. Non seulement parce que rien de ce que j’aurai pu faire n’aurait pu changer le futur de Dan, mais aussi parce que celui-ci pourrait déboucher sur une vie libre et heureuse. Parfois, je pense encore à tenter d’influencer ce futur. Au bout du compte, je me rends compte que le mieux que je puisse faire est de ne rien faire. Même si, dans des années, je peux nommer et pointer le moment où j’aurais pu changer le destin de mon fils et ne l’ai pas fait, je suis certaine qu’il est inutile de se blâmer si aucune alternative positive ne se présente. Il n’est pas un jour sans que je m’inquiète du chemin que mon fils a choisi. Pas un jour sans que je me rappelle que je ne peux ni en extraire les embûches, ni en prévoir les tournants.

Récemment, Dan s’est arrêté à la maison sur le chemin du Turning Stone casino, à New York, où il allait disputer un tournoi. « Mais mon portable ne marche pas », se plaint-il. Il est à mon nom – un dernier vestige de dépendance – et aurait mérité d’être remplacé, mais Dan n’avait pas le temps de passer au magasin.

« Pourquoi tu ne prendrais pas le mien ? lui proposai-je. Je ne voyage pas. Je n’en ai pas vraiment besoin. »

Pendant que je retirais ma carte SIM de mon téléphone et y introduisait la sienne, je lui demandai distraitement si c’était lui qui payait sa cave pour le prochain tournoi. « Je paye pour les deux premiers tours, me répondit-il, après, je suis sponsorisé. »

« Sympa ! », dis-je. Je me concentrai pour remettre la batterie en place, enclencher le dos du téléphone. « Comment vont les finances ? »

« J’ai encore de la marge. »

Je n’en demandai pas plus. Je lui ai dit au revoir depuis la sortie de garage. J’étais contente de savoir qu’en cas de problème sur la route ou avec les cartes, il aurait toujours moyen de me joindre.


- tOr -

mardi 28 juillet 2009

Vive les vacances!

Quelques news en cette fin de juillet...
Comme le disait Tor dans un post précédent, et je n'y échappe malheureusement pas non plus, le groupe traverse actuellement un océan de solitude pokérien...

Je dis "malheureusement" mais, en y réfléchissant bien, j'ai tord! En effet, j'ai rien fait pour inverser la tendance, et je dirais même que je me suis complaît dans cette situation!

Pourquoi? Plusieurs raisons:

- Après 2 mois assez intensif niveau quantité de poker, j'ai ressentit une lassitude générale qui inconsciament a changer mon jeu et donc influé sur mes résultats.
- Ces 2 mêmes mois ont été plutôt heureux niveaux cartes. Il était évident que la roue allait tourner... Ce qui a été le cas fin juin.
- En vacance depuis fin juin, et avec le beau temps, le soleil a eu souvent priorité sur le poker. De même pour les soirées où l'envie de barbecues, bring diverses et autre pétanque nocturne était supérieur à celle de passer plusieurs heures devant le PC...
- Un mariage dans la famille qui nous a occupé une bonne semaine... ( famillle de bringueur lol )

Bref, toutes ces raisons mises bout à bout font que je n'ai quasiment pas joué on line durant ce mois de juillet. Je dirais 15 à 20 tournois... Bien loin de la quantité des mois précédents!
Seulement quelques parties en live entre amis où l'ambition première était de m'amuser et de faire l'imbécile. Le bonus étant les résultats... Mission accomplie ici: Rien gagné, par contre j'ai bien fait l'idiot, cartes comprises, et je me suis bien marré LOL!

Malgrès tous, je pense que le mois d'août sera encore pauvre niveau quantité même si on va rattaquer doucement...
Mais bon, ce break a fait du bien. Les batteries semblent se recharger petit à petit et l'envie revient peu à peu!

Sinon, dans ce désert de résultat, j'ai quand même réussie à faire une petite TF hier sur le 10$ de 21h30 en finnissant 6ième sur 565! Bon pour le moral, un peu de cash pas désagréable même si c'est toujours pas le pérou et le premier millier tant espéré.
Mais bon, il n'y a pas à tricoter, quand tu joues l'esprit claire, le jeu et les résultats s'en ressentent!

Pas trop déçu de ce résultat, car j'aurai du sauter à 20 left. En effet, après un tournoi sérieux ( sans surprise ) passé dans le haut de l'échelle des places, j'ai été rattrapé par les blinds. Et j'ai du envoyer mes 7BB dès que l'occasion se présentait avec T8o... payé deux fois par AK et QQ. Et je m'en sors miraculeusement avec un board AKQ73 avec 4 treffles me donnant couleur au...8!
Ensuite j'ai joué et gagné 3 CF pour finir en TF:
-22 vs AQ qui tient.
-AK vs 99 qui touche.
-Et le meilleur: AQ vs 77 sur un magnifique board 7QAQ4 ( mais LOL quoi )
Donc à chaque fois double up pour finalement sauter 4ième en chips face au big fish-chattard de la TF.

Voilà la dernière main pour illustrer mes propos:

De SB je reçoit A8s ( coeur ), j'ai 90000, les blinds sont à 2500/5000.
UTG call ( SS avec 45000 )
Cut off call ( le vilain en question avec 175000 suite à 3 horreurs en un tour de table )
je complète et BB check ( 100000).
Ici, c'est simple soit je trouve un flop énorme et j'envoie soit je laisse tomber vu la situation...

Flop magique: AT3 dont T et 3 à coeur...
Je sais que je vais partir à tapis quoi qu'il se passe... j'opte pour un Check raise all-in, car il est évident que ça va miser avec 4 protagnistes dans l'affaire!
BB et UTG check mais vilain bet 20000.
Je parts à tapis pour 75000 de mieu, insta call de vilain avec... AA. Turn coeur mais river T...

Bref, il a, je pense, très mal joué et chatté sur la river. Mais bon, devant au début et à la fin. Il aurait mérité que je lui péte bien propre... D'autant plus que je passais chipleaders et aurais pu envisager beaucoup mieu.... Tant pis. Je regrette en rien ma décision, et j'ai choisit ici le gamble pour la win finale...

Voilà ce sera tout et c'est déjà pas si tant mal pour un vacancier!


Peg.

lundi 20 juillet 2009

Welcome to Death Valley

Le groupe subit malheureusement une mauvaise période poker depuis quelques temps, on espère tous que sa va changer bientôt.

Personnellement c'est pas gagné, je ne sais plus comment jouer.


Click here to view a larger version.

Évidement une ligne très agressive ici, mais c'est ce que je recherche sur les 11$ pour monter un stack, et je me vois difficilement 2 barrel 1/2 pot au turn pour check/fold river.

tor

mardi 7 juillet 2009

La dynamique des fluides

S'il y a bien une chose dont je suis sûr dans le poker online, c'est l'existence de cycles profonds qui régissent nos good et bad runs. Combien de périodes ai-je déjà vécu depuis toutes ces années à subir ces satanés cycles ! Des moments où fatalement le bad beat ultra sick va arriver, d'autres où très étrangement l'on est serein de jouer un 20/80 puisqu'on va chatter…
Le point positif de cette expérience accumulée au fil des années, c'est que d'une part on apprend vite à les identifier et d'autre part on développe une sorte d'optimisation des flux. Cela s'applique évidemment de manière plus concrète pour les bad runs, parce que, hein, quand on run good, c'est facile par définition. On savoure simplement, on se permet de monter de buy-in, on respecte moins le BR management, etc… La confiance est là, et au-delà de l'indiscible, notre jeu s'en trouve bonifié. Un chouia plus agressif, un poil plus gamble (oui, oui pour une fois je vais payer la boite du short avec QJ…et pourrir son AK !), et surtout plus rien n'est grave à une table. Si l'horreur donkesque pointe à nouveau son nez au milieu de tous ces coin flip ou bluffs passés, ben figurez-vous qu'on en sourirait presque.
Par contre, tout est diamétralement différent dans les périodes noires . J'en identifie principalement deux types :
La card dead, où vous vous languissez du petit bonheur de voir enfin s'afficher un 2éme As devant votre avatar. Pour autant, même sans jamais voir de premiums ou flopper une branlette, vous pouvez encore jouer. Simplement cela sera plus difficile, il vous faudra être plus attentif pour trouver les bons spots de vol, mieux lire vos adversaires, etc…
L'Horror Show, ou ben là, tu peux gigoter dans tous les sens, tu vas finir par te faire défoncer à coups de pourcentages entre 0.01% et 8%. Il y aura là un caractère systématique, c'est juste injouable, point. Très dangereux pour la santé mentale, le mobilier, votre entourage.
Je me suis adapté de manière très simple pour contrecarrer leurs effets dévastateurs. Je m'adresse ici aux joueurs qui sont incapables de rester éloignés de leur Pc pendant celles-ci, aux vrais addicts quoi. Car si la sagesse voudrait nous pousser à breaker, on a pas tous la force mentale nécessaire pour s'appliquer cette rigueur. Alors, autant voir la vérité en face et tenter de lisser autant que possible notre courbe sharkscope en mode bathyscaphe. Je vous propose ainsi ce traitement, destiné à apaiser l'érythème naissant sur vos petites fesses J
- ne plus multitabler comme un tebé : 2 tables maxi (plus facile de lire vos adversaires en card dead, et moins de buy-in perdus en mode Horror)
- redescendre de limite (ce dont on arrive pas à se départir, c'est de jouer alors ça ne change pas grand chose, c'est simplement plus safe)
- jouer plus small-ball (essayer tant que possible d'amener les coups au showdown pour mieux les maîtriser et limiter ainsi les allin preflop, particulièrement violents dans ces périodes)
- Privilègier le jeu en full ring (la confiance au plus bas, notre jeu va subir une inconsciente "nitification", on va moins porter ces grelots quoi. Ainsi le jeu en FR sera un peu plus adapté)
- Prendre les occasions de ne pas jouer (en plus c'est l'été, z'avez bien des amis avec un bout de terrain et un barbecue, non ?)

C'est pas difficile à faire, voyez. Soyez bien conscients que l'on est ici autant gagnant qu'à runner good. La minimisation de vos pertes vaut bien l'optimisation de vos gains. Sur ce putain de long terme, la différence est exponentielle et je ne parle même pas ici de l'énorme part de tilt sous-jacente qui accompagne une déchatte récurrente. Bonifiez vos résultats en bonifiant votre esprit, sachez sortir les aérofreins à temps !!
Epalisca

jeudi 2 juillet 2009

Le problème du jour ?

11$ sur PS réunissant 1200 joueurs. On est à 50 left.

Main vraiment bizarre. Vilain met du temps à check le flop, fait un gros lead au turn, puis me sort un hypra rapide semi value bet à la river. Du mal à le croire le Monsieur mais je préfère folder quand je ne connais pas l'adversaire et que le bet implique une trop grosse partie de mes jetons.

Qu'en pensez vous ?


Click here to view a larger version.

mercredi 1 juillet 2009

Quelqu'un peut allumer la lumière ?

Changement de mentalité et certainement d'objectif.

Le mois de Juin devait être le mois de la confirmation et de la stabilité, je me serais clairement pris une grande claque dans la gueule. Un gros badrun qui s'enchaine sur toutes mes rooms. Jamais gagner un CF avant une bulle et à déchatter des premiums, sans compter les bad sets up. Difficile dans ces cas là de monter un stack. Et difficile de garder la motivation, quand toutes les rooms me sortent des 2-Outers au turn ou la river.

La psychologie.

J'ai toujours dit qu'elle jouait un rôle ultra important au poker. Savoir garder son calme dans des moments difficiles, et surtout savoir garder un bon niveau de jeu sans se soucier de son run. Savoir rester lucide à tout moment dans un tournoi et garder la motivation quand rien ne va plus. Dur d'être un joueur pro de poker. Psychologiquement trop dure. Enfin pour moi en tout cas. Et pour tout joueur de tournoi certainement, et je rejoins Kipik sur son dernier post :
"On va juste tranquillement attendre le jour où je ne perd pas trois bon setups de suite deep dans un donkament. Ou celui où je gagnerai avec AA dans un $55. Parce que ça arrivera. Tout le secret est de ne pas l'oublier. C'est aussi, par moment, ce qui est le plus dur à faire..."


Oui, le secret est de ne pas l'oublier ; et j'ai tendance à trop l'oublier en ce moment, surtout quand on voit mon nombre de MTT joués ces dernières semaines (je dois pas dépasser les 20, alors que j'étais à 8 ou 10/jour au mois de Mai). Bref, la fin du mois approche, un nouveau mois commence bientôt, et j'espère bien évacuer toute la frustration que j'ai pu accumuler ces derniers temps, pour repartir du bon pied. Mais le secret est là, il faut continuer à jouer des gros tournois même quand rien ne va, parce qu'il y en a bien un ou sa va passer.

Conséquence de ce badrun : le blog tourne un peu au ralenti. C'était prévisible, et c'est pour ça que j'ai demandé à d'autres joueurs de l'assos de m'accompagner dans l'aventure. Tout le monde a envie de raconter ses perfs (enfin je pense ^^), et le niveau étant plutôt bon, un exploit ou un gros run peu arriver à tout moment.

A quand mon tour ?

J'ai cette désagréable sensation de rester dans l'ombre et de ne pas atteindre un niveau au dessus. Je n'ai jamais gagné un cash de +1000$ en tournoi, et c'est ça qui me manque aujourd'hui. J'attends patiemment, mais c'est dur de ne pas arriver à changer vraiment de statut et de ne pas passer une soirée avec un +2000$. J'ai déjà eu les occasions, mais cette pression que j'ai quand j'ai la possibilité d'aller loin sur un gros field m'a souvent fait faire des erreurs débiles dans mon jeu, me privant au final de pas mal de dollars. J'ai peut être un peu trop espéré gagner quand j'ai eu des bonnes cartes et des bons sets up. Mais en MTT, rien n'est fait jusqu'à la fin, et sur une table final, il y aura qu'un seul gagnant.

- tOr -